jeudi 19 avril 2012

Tous différents, un enseignement pour tous (Parce qu'être prof c'est aussi ça... #4)


Les regarder et les voir grandir. Ça me prend comme ça, de temps en temps, je me pose trois minutes et je les observe. Ils grandissent mes élèves. Certains me connaissent depuis la quatrième et ils sont maintenant en première. 


Quand ils sont arrivés « chez nous », une grande partie d’entre eux n’avaient plus confiance dans le système scolaire « normal ». Ils y étaient considérés comme des rebuts parce qu’ils avaient des envies différentes. Parler d’agriculture, de passion de la terre et du travail « manuel » ça fait tache à l’Éducation Nationale.

Pour preuve, une de mes élèves les plus brillantes (qui s’en serait très bien sortie dans un circuit conventionnel) m’a raconté plus d’une fois la réaction de ses enseignants de troisième lorsqu’elle a annoncé que ce qu’elle voulait, elle, c’était aller au lycée agricole. La réponse est sans appel : « Le lycée agricole, c’est pour les cancres ! ».


Les réactions furent, pendant un certain temps, identiques lorsqu’un élève voulait s’enfuir de la voie royale pour gagner celle tant décriée de l’apprentissage. Aujourd’hui, les médias et autres autorités bien pensantes s’emparent du dossier en prônant le bien fait de cet enseignement différencié. « La voie de la réussite », voilà ce que certains titrent.


Donc oui, mes élèves ont bien grandi. Ils ont dû faire face à l’échec pour s’affirmer. Aujourd’hui ils ont les épaules larges et la tête haute. Ils sont fiers de ce qu’ils font parce que justement ils FONT. Ils ne se contentent pas de subir, ils prennent leur avenir en main et savent communiquer sur leurs envies, leurs attentes. Ils ont appris à analyser à critiquer et à s’assumer.

Puisque l’école est le sujet de toutes les attentions du moment (il faudra qu’elle le reste à la fin de la campagne présidentielle…) il serait grand temps que le message passe correctement. Tous élèves mais surtout tous différents. Permettons leur de choisir leur enseignement.


Et pour vous, ça représente quoi l’enseignement ?
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13 commentaires:

  1. Un grand n'importe quoi !
    Heureusement que quelques profs sont là pour relever le niveau parce que de tous ceux que j'ai pu voir à l'oeuvre, peu étaient réellement capables d'enseigner, jeunes comme moins jeunes. Et je ne parle pas des programmes complètement aberrants et des moyens inexistants...

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    1. Et on fait bien de ne pas en parler parce que sinon je sens que je vais être encore plus en colère !

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  2. L'enseignement? une très grande déception! ;(

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    1. Suis tout à fait d'accord avec toi Fée Passie : tous différents, et que chacun puisse trouver sa voie... Je vois combien avec Grande-Miss, lorsque tu ne rentres pas dans le moule, les profs et l'encadrement du collège sont un peu désemparés pour te proposer une orientation qui convienne à l'ado. en question... même à ce jour et encore... orienter vers un apprentissage, laisse un petit goût amer... alors que tout le monde n'est pas fait (et heureusement) pour faire des études "intellectuelles"... et s'orienter jeune vers l'apprentissage d'un futur métier n'a vraiment rien de dévalorisant... Mais le message a du mal à passer dans notre société actuelle !!!

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  3. Je l'ai bien entendu dans ma - lointaine - jeunesse : "si tu ne travailles pas, tu passeras un CAP"... J'ai vraiment du mal à accepter que l'on dénigre les métiers manuel mais malheureusement, c'est encore monnaie courante. Ton article m'a donné une idée de billet, au passage.

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    1. tu sais nous sur les marchés on entend des trucs hallucinants ... c'est arrivé à 2 de mes copines et apparemment ça arrive aussi souvent aux caissières : "si tu ne travailles pas bien à l'école et bien tu feras comme la dame !" sans dec, il y en a qui sont fracassés !!!

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  4. de tte façon je pense qu'il n'y a rien de pire que d'imposer une voie à un élève ... le meilleur moyen de les pousser à l'échec ! et comment en 2012, on peut encore stigmatiser des formations ? les profs des filières générales ne mangent pas de viande, ne boivent ni du lait ni du vin et bien sûr n'achètent jamais d'oeufs !!! c'est d'une absurdité ! à leur place je serais au contraire stupéfaite (pr l'ex. de ta bonne élève) de voir que des jeunes ont encore la volonté de s'engager dans des filières difficiles à ts les niveaux ! ça m'agace, mais qu'est-ce que ça m'agace ! ça me rappelle trop moi où j'ai perdu 2 ans de "tourisme" à la fac ... tt ça parce que je sortais d'un bon lycée parisien et que pour ceux qui ne voulaient pas faire de prépa (comme moi) on les poussait à aller à la fac (seule alternative admissible à leurs yeux) au lieu de nous parler des formations techniques et en alternance ... résultat j'ai retrouvé mon enthousiasme quand je suis enfin arrivée en IUT en alternance, une vraie renaissance !

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  5. Et bien moi je suis heureuse de constater en tant que délégué des parents d'élèves que dans le collège de Fiston, ils connaissent les filières professionnelles et encouragent sans réserve les élèves qui n'envisagent pas des études longues.
    Personnellement, je trouve ça aberrant qu'on continue d'envoyer des élèves à la fac sans le moindre projet professionnel quand on voit le peu qui ensuite trouvent une place sur le marché du travail.

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  6. J'ai toujours eu horreur des profs et de leur enseignement. Pour moi, l'école ça servait à rien (si j'avais su...). Je trouve qu'on nous montre pas à quoi ça sert ce qu'on fait, à quoi ça pourra nous servir plus tard.
    Dès la 4ème je savais ce que je voulais faire : bosser dans la nature, en plein air. Donc lycée agricole. Le principal savait pas que le lycée demandé existait et a un peu fait trapiner les choses. Mais tout le monde pensait que j'étais "bouseuse" (la réputation des agri, je vous jure...)
    Perso, on m'aurait intéressé aux cours, montrer à quoi ça sert réellement (ben oui, moi si je vois pas l'intérêt de la chose, je me désintéresse rapidement) et pourquoi apprendre ça peut m'aider dans le monde du travail, alors oui j'aurais un peu plus bossé, j'aurais eu envie.
    On me dirait de retourner en cours pour faire le boulot que je veux, je dirais oui sans soucis et je m'en donnerais les moyens parce que je sais à quel point c'est important.
    Malheureusement l'Education Nationnale n'a pas compris ça...

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  7. J'ai des élèves de cm2 qui ont un niveau catastrophique. Ils devraient être orientés en SEGPA pour qu'ils puissent s'orienter vers des métiers manuels ou adaptés à leur niveau, malheureusement, les parents ne veulent pas ! Pourquoi ? Parce que pour eux, c'est la honte ! Ils préfèrent que leurs enfants "coulent" au collège au lieu de réussir sur un autre chemin !

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  8. Formatage quand tu nous tiens. Comme tu le dis tous élèves et tous différents. Tout le monde rêve de voir son gosse toubib, avocat ou banquier. Pour le coup on pousse les enfants à faire des études qui peut-être ne leur conviennent pas. Sous prétexte de vouloir leur assurer un avenir, on décide pour eux. Si ma Sucrette se trouve ne pas être intéressée par la filière "classique" de l'enseignement, je ferai mon maximum pour être à son écoute et discuter de ses envies réelles. Si elle me dit qu'elle veut faire l'école du cirque du Lido? "Pas de problème! On prendra juste une bonne assurance pour le cas où tu te blesserais en faisant des acrobaties ;)"

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