
Aujourd'hui, ce n'est pas mon instinct de mère rebelle qui se réveille, ni même celui de femme mais bien mon instinct de prof. Attention, profs sensibles, passez votre chemin !
Après avoir testé l'Education Nationale (très peu pour moi, merci, je ne repasserai pas), je suis allée faire un tour du côté de l'Enseignement Agricole. Là, tout m'a paru plus beau, plus humain, plus vrai plus tentant.
Certes, il est vrai que j'ai la chance d'enseigner une matière technique plutôt sympa (quoi de plus cool que d'aller s'occuper de petits agneaux tous frais sortis du ventre de leur mère, que d'assister à la mise bas d'une vache ou d'aller peser des petits veaux), mais ça ne fait pas le tout. Il y a comme qui dirait un truc apaisant dans l'air de l'Enseignement Agricole, comme un air de famille.
Cependant, il n'empêche que, comme partout, il y ait des cas affolants, des électrons libres, des personnes dénuées de toute réalité. Je ne vous citerai que trois exemples, mais il y en a tant.
1. Une prof de français, qui, au moment où la sécheresse s'invitait à tous les journaux télévisés, nous lâche une bombe en déjeunant. Pour se replacer dans le contexte, il faut savoir qu'à table, ce jour là, se trouvent deux de mes collègues qui partagent leur temps entre les salles de classe et leurs tracteurs. Donc, cette charmante dame nous fait l'honneur d'une de ses remarques pseudo-intellos :
"J'ai regardé le 20 heures hier soir (ravie de le savoir). Ils parlaient de la sécheresse (ah bon...) et ils y avaient même des agriculteurs. C'est fou, mais ils parlent quand même à peu près bien français, je ne croyais pas !".
Là, j'ai failli m'étouffer. J'ai vu la colère et le dégoût dans les yeux de mes deux collègues qui se sont empressés de finir leur plateau, ont évité de le lui coller à travers la figure et sont partis dignement.
2. Toujours la même prof de français, qui, lors d'une réunion sur le tutorat (dispositif permettant à des élèves en difficulté de trouver une oreille apaisante doublée d'une âme de conseiller d'orientation) s'inquiète de voir le nombre important de volontaires. La réunion touchant à sa fin, elle ose poser LA question :
"Mais, vu le nombre que nous sommes, ça veut dire que nous serons moins payés pour faire ça que l'année dernière? Et si ce sont les élèves qui choisissent leur tuteur, et pas l'inverse, ça veut dire que je pourrais ne pas être choisie (et donc ne pas récupérer d'heures sup' à ne pas faire grand chose...) ?" .
Ben ouais ma p'tite dame, ce sont les élèves qui choisiront et ne t'inquiète pas, ils ne sont pas dupes ! Tu pourras donc rentrer chez toi de bonne heure ! L'intérêt des élèves, tu connais ? Ah non, toi tu connais celui de ton porte-monnaie...
3. Un prof d'agronomie au sujet des séances de pluri. Tout d'abord, expliquons ce qu'est la pluri : pluri = diminutif de pluridisciplinarité. Ce sont des séances de cours où plusieurs enseignants se retrouvent ensemble devant une même classe pour traiter d'un sujet sous plusieurs angles. La pluri est un élément phare de l'enseignement agricole qui lui permet de donner du sens aux formations.
Revenons donc à notre cher prof d'agro qui au bout de 30 minutes de pluri (sur une plage de deux heures) assène le truc qui tue :
"Bon, vous êtes déjà deux (profs), vous n'avez pas besoin de moi pour les garder, je m'en vais."
Ben voyons, pour sûr nous n'avons pas besoin de ton poil dans la main ! Passe la porte et rentre vite chez toi ! Les élèves ? Mais non ils ne t'en voudront pas (en tout cas pas maintenant, attends un peu ta prochaine heure de cours !) !
Tout ça pour dire qu'ils y a des cons partout, que sinon on s'ennuierait fortement et que nous n'aurions pas d'autre sujet de discussion dans nos chaumières le soir. Et sans eux, pas de
pavé dans la mare ! Voilà ma
Canette, j'ai bien fait mes devoirs !
Et vous, votre pavé dans la mare ?
p.s. : Il y a toujours un "C'est pas du tout ça" qui traîne, vous avez jusqu'à mardi soir pour nous expliquer l'expression "faire vibrer la corde sensible".